Conseils pour vos animaux

Le cheval

Comme propriétaire d’un cheval, vous avez certainement à cœur le bien-être, la santé et la longévité de celui-ci. Le cheval est un animal curieux, qui préfère vivre en troupeau et en toute liberté.

Cependant, son style de vie a été modifié par l’homme pour satisfaire aux exigences des différentes disciplines équestres ou pour compenser la non-possibilité de vie en liberté, les pâturages de qualité se faisant de plus en plus rares.

Pour en savoir davantage sur le cheval et ses soins de base : 

  • De tous les nutriments, l’eau est le plus important. Que ce soit dans les cellules, le sang ou la salive, l’eau se retrouve partout dans l’organisme et elle est essentielle à son bon fonctionnement. Un cheval peut se passer de nourriture pendant plusieurs jours, mais en absence d’eau, il arrêtera de manger et se déshydratera ; son métabolisme alors cessera. Il est donc essentiel que de l’eau fraîche et propre soit disponible en tout temps, été comme hiver.

    On se préoccupe beaucoup de l’alimentation du cheval, mais on néglige souvent l’importance de l’eau. Pourtant, un cheval qui ne consomme pas suffisamment d’eau peut être sujet aux coliques par impaction, peut perdre de son appétit, peut avoir de moins bonnes performances, etc.

     

    Quels sont les besoins en eau ?

    À une température entre 16 °C et 25 °C, un cheval au repos a besoin de 5 % à 10 % de son poids en eau, ce qui représente de 25 L à 40 L pour un cheval de poids moyen (500 kg).

    L’eau est majoritairement consommée durant les deux à trois heures qui suivent le repas.

    La quantité d’eau consommée est influencée par l’alimentation, les caractéristiques physiques de l’eau, le climat extérieur, l’exercice, la condition physique et l’âge du cheval.

    Influence de l’alimentation

    Le degré d’humidité des aliments influe grandement sur la quantité d’eau consommée.

    Plus la teneur en eau d’un aliment est élevée, moins le cheval en boira. Plus elle est faible, plus il aura besoin de boire. Ainsi, il est normal qu’un cheval alimenté au foin sec et aux granulés consomme davantage d’eau qu’un cheval au pâturage.

    Caractéristiques physiques de l’eau

    Le cheval a l’odorat et le goût plutôt développés. L’odeur, la saveur et la température de l’eau sont des éléments qui jouent un rôle dans sa consommation d’eau. Un cheval difficile, habitué à l’odeur et saveur de l’eau de son écurie, pourra refuser de boire si on le déménage ou lors de compétitions à l’extérieur.

    Les chevaux semblent préférer l’eau froide (~4 °C), mais ils en consomment davantage lorsqu’elle est tempérée (~18 °C).

    Le climat

    Plus il fait chaud et humide, plus les besoins en eau augmentent. En effet, tout comme l’homme, le cheval maintient sa température corporelle par évaporation. La sueur étant composée majoritairement d’eau, plus le cheval transpire, plus il devra consommer d’eau pour combler les déficits liés à la thermorégulation (maintien de la température corporelle normale).

    Durant l’hiver, on doit s’assurer que la source d’eau disponible ne gèle pas, surtout pour les chevaux qui vivent à l’extérieur. Il existe différents dispositifs qui permettent de garder l’eau au-dessus du point de congélation : les buvettes chauffantes, les éléments chauffants, les lampes chauffantes, pour n’en nommer que quelques-uns.

    L’exercice

    Au cours de l’exercice, une grande quantité de chaleur est produite par les muscles et le métabolisme accru. Les mécanismes de thermorégulation entrent en action. La quantité d’eau perdue dépend de l’intensité et de la durée du travail.

    La condition physique

    Une jument reproductrice a des besoins en eau qui augmentent un peu en fin de gestation, et cette augmentation pourrait être de l’ordre de 50 % au moment de la lactation.

    Certaines conditions pathologiques nécessitent que le cheval boive plus, comme dans les cas de diarrhée ou de constipation.

    Trucs pour maintenir une consommation d’eau adéquate

    • Assurez-vous que l’eau et les contenants sont propres et libres de matières fécales.
    • Assurez-vous que l’eau est fraîche et à une température qui se situe entre 7 °C et 18 °C.
    • Si l’eau est servie à la chaudière, assurez-vous de remplir celle-ci au moment du repas.
    • Si vous prévoyez déménager votre cheval d’écurie et que vous savez qu’il est une gueule fine, vous pouvez ajouter à son eau une odeur et une saveur qu’il aime et qu’il reconnaîtra, par exemple du jus de pomme, durant la semaine qui précède et qui suit son déménagement, et réduire graduellement la quantité ajoutée.
    • Assurez-vous qu’il est capable de faire fonctionner les buvettes automatiques. Dans le cas contraire, fournissez-lui une chaudière d’eau jusqu’à ce qu’il comprenne.
    • En compétition, si votre cheval ne boit pas assez, si le truc de saveur et d’odeur familières ne fonctionne pas, vous pouvez apporter l’eau de l’écurie ou tremper le foin dans l’eau 30 minutes.
  • Le cheval est un herbivore non ruminant. Ayant un estomac plutôt petit, la majeure partie de sa digestion se fait dans la dernière partie de son système digestif, soit le cæcum et le gros intestin. À cet endroit, ce sont les bactéries qui font le gros du travail. Le cheval tire principalement son énergie à partir des acides gras volatiles libérés dans le gros intestin grâce à la fermentation bactérienne des fibres.

    Les besoins nutritionnels de base sont plutôt simples, mais varient selon l’âge, le niveau de travail, la gestation, la lactation, l’état de santé, le climat, etc.

    Les nutriments essentiels sont l’eau, les protéines, les hydrates de carbone (sucre), les gras, les vitamines et les minéraux.

    Un pâturage abondant, de qualité ou du bon foin répond normalement à tous les besoins nutritionnels du cheval de plaisance. On ajoute une source de sel et de minéraux sous forme de bloc et voilà ! ATTENTION ! On n’oublie surtout pas l’eau.

    Mais comment savoir si le foin est de bonne qualité ? La seule bonne réponse est de le faire analyser. Visuellement, il est impossible de déterminer la teneur en nutriments d’un foin. Toutefois, vous pouvez voir s’il contient une grande quantité de poussière ou de moisissure. Vous pouvez le sentir pour déceler une odeur de fermentation. On ne sert pas de foin moisi ou fermenté à un cheval.

    À la suite de l’analyse du foin, si votre cheval a des besoins particuliers, des programmes informatiques peuvent être utilisés pour calculer la diète exacte.

    Soyez rassuré, en moyenne, le foin québécois a une teneur en nutriments adéquate pour les besoins généraux. La plupart des moulées commerciales sont bien équilibrées et complètent bien la ration lorsque requis.

     

    Recommandations générales

    Il s’agit ici de grandes lignes pour des chevaux en bonne santé ayant un état de chair entre 4 et 6. Il est important de suivre la condition de votre cheval et d’adapter son alimentation au besoin. On veut éviter l’obésité (7 et plus) ou la maigreur (3 et moins), car la santé générale sera affectée.

    On préfère un foin mixte de graminées et de légumineuses (exemple : mil et luzerne). Ces deux familles se complètent bien sur le plan de la protéine, de la fibre et du ratio calcium-phosphore.

    Un cheval peut ingérer un maximum de 3 % de son poids corporel par jour. Donc si ses besoins journaliers dépassent ce qu’il peut ingérer en foin, on devra supplémenter l’énergie à partir d’autres sources riches en hydrate de carbone ou en gras qu’on retrouve dans les grains et les huiles végétales.

    L’estomac du cheval est petit, c’est pourquoi la quantité journalière de grains, de concentrés, de granulés, etc., doit être fragmentée en au moins deux repas. Afin d’éviter les bouchons, on a avantage à ajouter de l’eau aux aliments très secs comme le foin en cube.

    Il est préférable de servir le foin avant les grains pour une glycémie plus stable et aussi pour ralentir l’ardeur des gloutons.

    Basé sur un cheval de 500 kg et un foin mixte moyen :

    Cheval de plaisance :

     Foin à volonté.

    Cheval au travail :

    Foin à volonté, plus de 500 g à 2 kg de moulée par heure de travail, selon l’intensité.

    Jument gestante :

    • Comme les autres, jusqu’au dernier tiers de la gestation.
    • Au dernier tiers de gestation, on augmente graduellement la quantité de moulée pour atteindre un pic à environ 5 kg au moment de la lactation, plus un supplément de calcium phosphore.
    • Durant la lactation il est bien de donner une moulée ; le poulain pourra manger.

    Poulain :

    • Durant la lactation, il mangera la moulée à la sauvette dans la mangeoire de sa mère et partagera le foin avec elle.
    • Au sevrage, foin à volonté et environ 1 kg de moulée par 100 kg de poids. Maximum 3,5 kg.
    • À NOTER : on veut à tout prix éviter l’obésité, la croissance trop rapide ou les déséquilibres nutritionnels souvent à la base de pathologies du système musculosquelettique.

    Chevaux à l’engraissement ou excités :

    • L’énergie additionnelle peut être fournie sous forme de gras. Le soya en contient beaucoup.
    • L’huile végétale (maïs ou autre) peut être ajoutée. Entre ½ et 2 tasses suffisent.
    • L’introduction doit se faire graduellement.

    Poneys et miniatures :

    • Foin à volonté seulement si leur état de chair le permet. On doit éviter à tout prix l’obésité, ce qui est souvent un défi.

     

    IMPORTANT :

    • Tout changement alimentaire aura une influence sur la flore bactérienne de l’intestin, ce qui peut causer des troubles digestifs. Il faut donc prévoir une période de transition où on mélange les nouveaux aliments avec les anciens.
    • Pour les mêmes raisons, tout nouvel aliment doit être introduit graduellement.

    Le trempage du foin réduit le taux de certains nutriments, dont les vitamines hydrosolubles (soluble dans l’eau). Pensez alors d’ajouter des vitamines à la ration.

  • Pourquoi devrait-on vacciner ?

    Conjointement à une bonne régie et à des mesures d’hygiène de base, la vaccination est une façon efficace de protéger le cheval contre les maladies communes dont les conséquences sont sérieuses autant du point de vue physique que financier.

    Dans un monde idéal, les vaccins seraient efficaces à 100 %, n’auraient aucun effet secondaire, une injection suffirait pour la vie et ils seraient gratuits. Ce n’est cependant pas le cas.

    Il faut connaître les faits suivants :

    • Il existe plusieurs vaccins sur le marché dont les coûts sont variables selon la maladie.
    • Aucun vaccin n’est efficace à 100 %. Le programme de vaccination vise surtout à diminuer les risques d’infection et l’ampleur des signes cliniques.
    • Lorsqu’on vaccine un cheval pour la première fois, de un à trois rappels seront nécessaires, selon la maladie, avant que le vaccin soit efficace. Les rappels se font de trois à six semaines après la dose initiale.
    • On doit vacciner AVANT l’exposition à l’agent infectieux.
    • La protection vaccinale (durée et efficacité) varie selon la maladie et selon l’individu.
    • Pour les maladies contagieuses, on devrait vacciner tous les chevaux du troupeau, surtout pour l’influenza.
    • Bien qu’elles soient rares, des réactions adverses liées au vaccin peuvent survenir.
    • La vaccination à elle seule ne suffit pas. La régie joue un rôle primordial dans la protection contre les infections (quarantaine pour les nouveaux individus, chevaux au pâturage groupés par âge, ventilation efficace, élimination des sources d’eau stagnante, maintien des chevaux à l’intérieur à l’aube et au crépuscule alors que les moustiques sont à leur plus vorace, etc.).
    • Les poulains ont un système immunitaire immature. Ils ont besoin des anticorps ingérés à partir du colostrum (premier lait). C’est pourquoi on doit insister pour vacciner adéquatement la jument gestante surtout en fin de gestation.

     

    Avant d’établir un programme de vaccination, votre vétérinaire tiendra compte de certains éléments :

    • Quelles sont les conséquences physiques de la maladie (décès, souffle, séquelles neurologiques, etc.) ;
    • Quels sont les risques d’exposition (le nombre de chevaux, le lieu géographique, les déplacements prévus, etc.) ;
    • Dans quel environnement vit le cheval (à l’extérieur ? À l’intérieur ? Qualité de la ventilation ? Endroits où il y a de l’eau stagnante, etc.) ;
    • Quelles sont les conséquences économiques de la maladie (frais d’hospitalisation, repos de plusieurs semaines, avortement, baisse de performance, etc.) ;
    • L’âge du cheval ;
    • La gestation ;
    • L’utilisation du cheval (loisir, compétition, etc.) ;
    • Les risques liés au vaccin (ex. : cheval qui a de fortes réactions postvaccinales) ;
    • L’efficacité par rapport au risque par rapport au coût du vaccin.

     

    Contre quelles maladies devrait-on vacciner ?

    Veuillez noter que pour ce qui suit, votre vétérinaire est le mieux placé pour vous indiquer les besoins selon vos circonstances et votre lieu géographique.

    Si vous prévoyez déplacer votre cheval hors de votre région, informez-vous de ce qui est recommandé là où vous allez et vaccinez en conséquence. Prévoyez au moins 21 jours à l’avance.

    Remarque : Le plan de vaccination est présenté sous forme de tableau à la fin du document.

     

    Les vaccins de base

    Par « de base », nous entendons les vaccins contre les agents infectieux présents dans l’environnement du cheval et dont l’issue est souvent fatale. S’applique aussi aux zoonoses, c’est-à-dire qu’elles se transmettent d’une espèce animale à l’autre, incluant l’humain.

    Les vaccins de cette catégorie ont prouvé leur efficacité, causent peu de réactions et sont abordables.

    Rage :

    • Maladie neurologique mortelle
    • Zoonose

    Tétanos :

    • Maladie neurologique
    • Cheval hautement sensible à cette maladie
    • Taux de mortalité très élevé
    • Pas de transmission de cheval à cheval

    Encéphalite de l’Est et de l’Ouest

    • Maladie neurologique
    • Mortalité d’environ 90 % pour l’Est et 50 % pour l’Ouest
    • Pas de transmission de cheval à cheval

    Virus du Nil occidental

    • Maladie neurologique
    • Sur les chevaux présentant des signes cliniques, le taux de mortalité est autour de 33 %, et environ 40 % des survivants gardent des séquelles à plus ou moins long terme.
    • Pas de transmission de cheval à cheval

     

    Les vaccins selon le risque

    Il s’agit des vaccins contre les maladies dont les risques d’exposition à l’agent infectieux varient selon la région, l’utilisation, la gestation, etc.

    Influenza

    • Virus respiratoire très contagieux
    • Conséquence à long terme : souffle, baisse de performance
    • Conséquence à court terme : six semaines de repos, baisse de performance
    • Décès possible
    • Les chevaux à risque sont les jeunes (de 1 à 5 ans), les gériatriques, les chevaux affaiblis, les chevaux qui sont souvent en contact avec d’autres populations de chevaux (ex. : de compétition)
    • Très bonne protection vaccinale. Sécuritaire
    • Il est important de vacciner tous les chevaux de l’écurie ou du troupeau pour une meilleure protection

    Virus de l’herpès de type 1 et 4

    • L’herpès se présente sous trois formes, soit : avortement au dernier tiers de gestation, infection respiratoire, encéphalite.
    • Le vaccin protège très bien contre l’avortement, bien contre la forme respiratoire et peu contre la forme neurologique. Il est sécuritaire.
    • Les chevaux à risque sont les juments gestantes, les jeunes (de 1 à 5 ans), les gériatriques, les chevaux affaiblis, les chevaux qui sont souvent en contact avec d’autres populations de chevaux (ex. : de compétition).

    Botulisme

    • Causé par la toxine de la bactérie Clostridium Botulinum. Il existe huit variétés de toxines, dont la B et la C, qui sont les plus mortelles.
    • La forme la plus connue au Québec est une paralysie progressive à la suite de l’ingestion de la toxine dans le foin, l’ensilage de foin mal conservé ou qui est due à la présence d’animaux infectés dans la nourriture.
    • Seul un vaccin contre la toxine B existe.
    • On recommande la vaccination des chevaux alimentés avec du foin en grosses balles rondes, surtout celles qui sont enrubannées (ensilage de foin ou « haylage »).
    • Pas de transmission de cheval à cheval
    • Coût élevé

    Gourme

    • Maladie hautement contagieuse causée par la bactérie Streptoccus equi.
    • Elle cause une infection sévère des ganglions rétropharyngiens et la présence de jetage nasal purulent en grande quantité.
    • La bactérie est résistante dans l’environnement et tout le matériel venu en contact avec le pus et le jetage nasal est contagieux.
    • La forme classique atteint surtout les jeunes (
    • Risque de développer le purpura hémorragique à la suite de la vaccination.
    • On vaccine seulement sur les fermes où la maladie est endémique.
    • Lorsqu’on vaccine contre la Gourme, on ne devrait pas faire d’autres injections le même jour. 
  • Les parasites sont présents partout dans l’environnement du cheval et peuvent être responsables de divers problèmes médicaux dont les coliques, la diarrhée, un retard de croissance, une mauvaise condition générale (mauvais poil, faible état de chair, léthargie, gros ventre), de l’anémie, des démangeaisons, et peuvent même causer la mort dans les cas extrêmes. Un cheval peut aussi être fortement parasité sans montrer de signes cliniques.

    Les chevaux contractent les parasites en ingérant les œufs ou les larves excrétés dans le fumier.

    La majorité des chevaux adultes vont développer une immunité au moins partielle à la plupart des parasites. Cependant, les jeunes de moins de 2 ans n’ayant pas encore développé cette immunité sont plus à risque de contamination importante. Les chevaux âgés (plus de 15 ans), les chevaux malades ou ceux dont le système immunitaire est fragile sont également davantage à risque.

    Le contrôle des parasites communs est bien plus qu’une histoire de vermifuges. Un bon programme antiparasitaire doit tenir compte de plusieurs facteurs. C’est pourquoi il est essentiel de faire affaire avec votre vétérinaire pour qu’il établisse le programme qui vous convient :

    • Les mesures d’hygiène sont aussi importantes que les vermifuges.
    • Aucun vermifuge n’est efficace contre tous les parasites.
    • Le problème de résistance est bien réel, surtout face aux petits strongles.
    • L’environnement, le groupe d’âge et l’utilisation du cheval influent sur le protocole.
    • La coprologie (analyse de selles) est un outil indispensable. On ne devrait jamais vermifuger un poulain de plus de 4 mois dont l’historique est inconnu sans faire d’abord une coprologie.
    • Mettre les nouveaux arrivés en quarantaine.
    • Garder un équilibre entre les besoins et les avantages.

    Hygiène des pâturages et des aires de mise en liberté

    • Éviter le surpeuplement. Lorsqu’il y a suffisamment à manger, le cheval évite de brouter près des zones où il fait ses besoins. On peut facilement remarquer ces endroits par la présence d’herbes plus longues. Cependant, s’il n’y a pas suffisamment à manger, il n’aura d’autre choix que de manger les herbes contaminées. De plus, plus le nombre de chevaux est élevé, plus il y aura de parasites.
    • Ramasser les fumiers deux fois par semaine afin de réduire la contamination des petits pâturages.
    • Faire la rotation des pâturages lorsque c’est possible.

    Vermifuges

    Il existe plusieurs familles de vermifuges, et chacune présente des forces et des faiblesses. Ainsi, on doit utiliser des vermifuges issus de différentes familles au cours d’une année.

    Attention ! Des vermifuges avec des noms différents peuvent provenir de la même famille. Par exemple Eqvalan, Zimectin et Quest font tous partie des lactones macrocycliques.

    Les vermifuges d’aujourd’hui sont sécuritaires, MAIS il faut faire attention, car il y a des précautions à prendre avant de vermifuger un poulain.

    Résistance

    La résistance de certains parasites par rapport à certains vermifuges est en augmentation.

    Pour l’éviter on doit :

    • s’assurer que le cheval reçoit une dose adéquate pour son poids (vaut mieux un peu plus qu’un peu moins) ;
    • éviter de toujours vermifuger avec la même famille de vermifuge ;
    • faire des coprologies au besoin.

    Un programme différent selon la situation

    Le programme de vermifuge doit être adapté à votre situation.

    • Chevaux de moins de 2 ans et de plus de 15 ans
    • Juments poulinières
    • Chevaux de compétition
    • Chevaux de plaisance et au pâturage

    Coprologie

    • L’analyse du fumier nous permet, en comptant le nombre d’œufs par gramme de fumier, d’avoir une idée du degré de parasitisme. Cependant, une coprologie négative ne veut pas dire absence de parasites, car certains sont difficiles à détecter. Elle nous permettra toutefois d’identifier les sujets fortement parasités qu’on suivra alors de près.
    • Pour valider l’efficacité du programme sur les chevaux à risque, on fait une analyse avant le traitement et une autre 14 jours après.
    • La coprologie est essentielle chez le poulain avant de la vermifuger, car en présence d’un nombre élevé d’Ascaris, Ivermectin, moxidectin et pyrantel sont à éviter.
    • Il est souhaitable de vérifier annuellement l’efficacité de notre programme antiparasitaire en effectuant une coprologie sur quelques échantillons au hasard dans chaque groupe d’âge.

    Quarantaine

    • Pour tout nouveau cheval, il vaut mieux faire une coprologie, puis le vermifuger avec Ivermectin ou moxidectin et le garder 14 jours au box AVANT de l’introduire dans les enclos communs.

    Équilibre

    • On veut que le cheval développe une immunité contre les parasites, ce qui suppose qu’il doit en avoir un peu. Cependant, on ne veut pas que le taux de parasites devienne problématique pour sa santé et celle de l’environnement.
    • Pour les chevaux de compétition, la performance est importante. On veut un taux de parasite le plus bas possible.
    • La durée d’efficacité selon le produit varie entre 4 et 12 semaines
    • $$$
    • Le programme doit respecter l’équation « besoins c. avantages c. couts. »

     

    Programme de contrôle antiparasitaire

    Votre vétérinaire est le mieux placé pour vous proposer un programme antiparasitaire à votre mesure puisqu’il existe plusieurs façons de faire. Toutefois, sauf exception, on suggère de vermifuger tous les chevaux d’un même pâturage avec le même produit le même jour.

    Chevaux de compétition (aucune tolérance aux parasites)

    Aux trois mois, car on veut le moins de parasites possible

    Chevaux au pâturage

    Aux six à huit semaines durant la saison estivale. Dernier vermifuge après le gel : Ivermectin ou Moxidectin

    Poulains moins de 2 ans (on veut éviter un taux de parasite élevé, mais on veut aussi le développement d’immunité)

    Aux quatre à huit semaines dès l’âge de 4 à 6 semaines. ATT coprologie si historique inconnu

    Jument poulinière

    Comme le reste du troupeau, mais on insiste dans la période avant le poulinage

    Pâturage fortement contaminé

    Vermifuge quotidien « Strongid C » et lactone (Ivermectin ou Moxidectin)

    Remarque : Le programme de vermifuge peut aussi être élaboré en fonction des résultats des coprologies, mais en tenant compte des parasites difficilement identifiables tels Anoplocephala et les gastérophiles.

     

    Vermifuges

    On veut alterner les familles au cours d’une même année

    Famille

    Nom

    Nom commercial

    Coût

    Lactones macrocycliques

    Ivermectin, Moxidectin

     

    Eqvalan®, Equell®Quest®,…

    $$$

    Benzimidazole

    Fenbendazole, Oxfendazole, Oxibendazole, Mebendazole

     

    Panacur ®, Benzelmin , Anthelcide ®,…

     

    $$

    Pyrantel

    Pamoate pyrantel

    Strongid ®, Pyr-A-Pam ®,…

     

    $

    Praziquantel= combiné aux lactones

     

    Eqvalan gold ®, Equimax ®, Quest plus,…

     

    $$$

  • La dentisterie fait partie intégrante d’un bon programme de médecine préventive et la bouche devrait être examinée au moins une fois par année.

     

    POURQUOI ?

    Le cheval est un herbivore non ruminant. Dans la nature, le cheval broutera jusqu’à 16 heures par jour. Sa dentition a évolué de façon à accomplir cette fonction de façon optimale. Les dents d’une longueur déterminée, dont la majeure partie est cachée dans l’os de la mâchoire, poussent à un rythme moyen de 2 à 3 mm par année (un peu plus pour les jeunes), soit l’équivalent de l’usure.

    Avec la domestication du cheval, son régime alimentaire est passé de « herbe au pâturage » à « foin et granulés » au box. Le cheval passe donc moins d’heures à mastiquer, et l’amplitude des mouvements de mastication est diminuée. Ainsi, l’usure des tables dentaires est irrégulière. Même sans défauts d’occlusion, il se forme des pointes d’émail sur la surface jugale des dents maxillaires et sur la surface linguale des dents mandibulaires. À la longue, ces pointes blessent les tissus mous, allant de la simple érosion jusqu’à la formation ulcères.

    Pour une bouche en santé, il faut une mastication de pleine amplitude en utilisant toutes les dents. Toute condition douloureuse ou mécanique qui gêne le mouvement libre et complet de la bouche se répercute sur le comportement du cheval tant sur le plan de l’alimentation qu’au travail.

    Les pathologies dentaires peuvent même avoir des répercussions sur l’état de santé général du cheval.

     

    QUELQUES NOTIONS D’ANATOMIE

    Tout comme pour nous, les dents du cheval sont faites d’émail, de cément et de dentine, trois composés de différentes couleurs et densité, ainsi que la pulpe, partie vivante de la dent qui contient des vaisseaux sanguins et les nerfs.

    Contrairement à l’homme, chez le cheval, l’émail ne recouvre pas toute la surface extérieure de la dent, mais il est plutôt distribué en alternance avec le cément et la dentine. Cela donne à la dent une architecture particulière qui en fait un formidable mortier. (Fig. 1.)

    Les dents sont séparées en trois parties, soit l’apex (racine), la couronne de réserve (partie cachée dans l’os) et la couronne clinique (visible). (Fig. 2)

    La couronne de réserve est très longue chez le jeune et elle diminue à mesure que la dent fait irruption, de sorte que chez le vieux cheval, il n’en reste souvent que la racine. À ce stade, la dent ne « pousse » plus. (Fig. 3)

    Le poulain a des dents dès la naissance, en commençant par les prémolaires et les incisives centrales, suivies des incisives mitoyennes et des coins. Ces dents de lait seront remplacées graduellement à partir de 2 ans et demi.

    Les dents de loup, vestiges de la première prémolaire et souvent de la taille d’une petite dent de sagesse, feront irruption autour de 6 mois. Ces dents ne sont pas toujours présentes.

    Les molaires (version adulte seulement) feront leur apparition à partir de 1 an jusqu’à 4 ans.

    Les canines, rarement présentes chez la jument, sortent vers 4-5 ans.

    La dentition adulte sera donc complète à l’âge de 5 ans et pourra compter 44 dents si toutes les dents de loup et les canines sont présentes, soit quatre arcades contenant chacune trois incisives, une canine, une dent de loup, trois prémolaires et trois molaires.

    L’ouverture de la bouche est petite et on ne voit que les incisives et les canines, mais la dernière molaire se trouve sous l’œil.

    Contrairement à nous, la mâchoire inférieure (mandibule) du cheval est beaucoup plus étroite que la mâchoire supérieure, de sorte qu’au repos, les incisives sont en contact alors que les molaires ne se touchent pas. C’est l’inverse pour l’homme, où les molaires se touchent alors que les incisives maxillaires sont placées devant les incisives mandibulaires.

     

    QUELQUES QUESTIONS DE MASTICATION

    Lèvres : telles de petites mains, elles détectent et sélectionnent les aliments

    Incisives : coupent les aliments

    Molaires : broient les aliments

    Le cheval commence par bien se remplir la bouche, puis la mastication commence.

    La progression des aliments vers l’arrière de la bouche se fait grâce aux mouvements de la langue qui force les aliments contre le palais et les dents. Par des mouvements de rotation gauche-droite, de haut en bas, et avant-arrière, les aliments sont broyés et maintenus dans la cavité interdentaire grâce aux joues bien tendues. L’angle des dents et des replis du palais assure une progression vers l’arrière jusqu’à la déglutition. C’est un peu comme une vis sans fin.

    Si une de ces structures est anormale (ex. : une dent qui dépasse, une dent cassée…) ou douloureuse (ex. : un ulcère de la joue), la mastication sera affectée. Il pourrait même y avoir rejet de boulettes de nourriture connue sous le nom de « chique ».

     

    QUELS SONT LES SIGNES QU’UN CHEVAL A UN PROBLÈME DENTAIRE ?

    Les signes sont très variables d’un cheval à l’autre. Voici quelques exemples :

    • Changement dans la façon de manger
      • Mange plus lentement
      • Rejette de la nourriture
      • Délaisse un type d’aliment
      • Incline la tête
      • Salive de façon excessive
    • Problème physique
      • Perd du poids/mauvaise condition
      • Ne digère pas des aliments (présents dans le fumier)
      • Dégage une mauvaise odeur de la bouche ou des narines
      • A un jetage nasal (une narine)
      • Enfle de la face ou des mâchoires
    • Problème de comportement au travail
      • Incline la tête
      • Donne des coups de tête
      • Joue avec le mors, joue avec sa langue, résiste le mors ou refuse de le prendre
      • Performe piètrement
      • S’appuie sur le mors, refuse de tourner ou d’arrêter

     

    EN QUOI CONSISTE LA DENTISTERIE ?

    La dentisterie vise à assurer le confort et la fonctionnalité de la bouche. Pour ce faire, le vétérinaire procédera par étapes :

    1. L’examen complet de la bouche
      1. Détermination de l’âge
      2. Examen de la tête et des mâchoires
      3. Vérification de l’occlusion
      4. Examen visuel des dents et des tissus mous (palais, langue, joues, gencives)
      5. Palpation des dents et des tissus mous
      6. Odeur
    2. L’identification des problèmes
      1. Les plus fréquents sont les pointes d’émail (surdent, aspérités). (Fig 4, mais la liste des problèmes potentiels est très longue.)
      2. Des tests plus poussés pourraient être nécessaires comme des radiographies ou une échographie
    3. Établir un plan de traitement
      1. La majorité du temps, ce sera un simple râpage des surdents.
      2. Si des corrections majeures doivent être faites, elles peuvent devoir être étalées en plusieurs séances espacées de quelques mois.
    4. Faire la procédure
      1. Râpage, extraction, radiographies, etc.
    5. Faire des recommandations et prescrire de la médication au besoin
      1. À quelle fréquence revoir le cheval
      2. Quoi surveiller
      3. Il n’est pas rare de recommander une dose d’anti-inflammatoires si de grosses corrections ont été faites ou si la douleur empêche le cheval de bien s’alimenter.

     

    À QUELLE FRÉQUENCE DEVRAIT-ON FAIRE EXAMINER LA BOUCHE DE SON CHEVAL ?

    La fréquence varie selon le groupe d’âge. Un examen buccal de routine ne signifie pas nécessairement que le cheval aura besoin d’un râpage.

    Ces recommandations conviennent à la plupart des chevaux dont l’occlusion est normale et à qui il ne manque aucune dent essentielle.

    Âge

    Fréquence d’examen

    Fréquence d’intervention

    Moins de 5 ans

    2 à 4 fois/année

    Aux six à huit mois dès 1 an

    5 à 20 ans

    1 à 2 fois/année

    1 fois/année

    Plus de 20 ans

    2 fois/année

    1 à 2 fois/année

    Attention ! Pas trop agressif

    Molaire maxillaire, D=dentine, C=cément, E=émail

    Figure 1 — Molaire maxillaire, D=dentine, C=cément, E=émail

     

    Parties de la dent

    Figure 2 — Parties de la dent

     

    Jeune et vieux

    Figure 3 — Jeune et vieux

     

    Pointes d’émail ou surdents ou aspérités

    Figure 4 — Pointes d’émail ou surdents ou aspérités

  • Le sabot du cheval est l’équivalent de notre ongle et donc pousse toute sa vie.

    L’ancêtre du cheval avait quatre doigts et il était petit. Avec le temps, le cheval s’est adapté en devenant plus grand et plus rapide, laissant de côté les doigts inutiles. C’est ainsi qu’aujourd’hui, il marche sur son troisième doigt. Vous n’avez qu’à regarder votre main pour comprendre, puisque le majeur est le doigt le plus long et en position centrale.

    Le pied du cheval est composé d’une boîte cornée, le sabot, dont le rôle principal est de protéger les structures sensibles qui se trouvent à l’intérieur.

    Le sabot (fig. 1) est composé de corne de rigidité variable formant la muraille, la sole et les barres. La fourchette est la structure en forme de pointe de tarte faite de corne flexible.

    La ligne blanche est la mince démarcation entre la muraille et la sole (vue de dessous). C’est une bande de jonction entre la muraille et les tissus sensibles du pied.

    Le bourrelet périoplique est ce renflement un peu plus souple dans le haut du sabot juste avant le début des poils. C’est l’équivalent de notre cuticule. C’est à partir de là que la corne est formée.

    Le sabot est séparé en trois ou quatre sections, selon le pays : la pince, les quartiers et les talons (ex. : États-Unis) ou pince, mamelles, quartiers, talons (ex. : France).

    À l’intérieur, on y retrouve (fig. 2) :

    • la troisième phalange
    • l’os naviculaire
    • la bourse naviculaire
    • l’articulation entre la deuxième et la troisième phalange
    • le coussinet plantaire
    • la portion distale (la fin) du tendon du fléchisseur profond
    • plusieurs ligaments pour tenir les os en place

     

    Pourquoi l’entretien des sabots est-il si important ?

    Comme le dit le vieil adage : « Pas de pied, pas de cheval. »

    Le cheval porte 60 % de son poids sur ses pieds antérieurs. Le pied étant à la base de la locomotion du cheval, tout problème à ce chapitre aura des effets quelque part sur son système musculosquelettique et sur la mécanique du mouvement.

    En moyenne, le sabot pousse à raison de 1 cm par mois chez l’adulte et jusqu’à 1,5 cm chez les poulains jusqu’à 1 an. Cela représente une longueur de sabot en 9-12 mois. Puisqu’il existe un lien entre la forme des pieds, la mécanique et la conformation, il est primordial de maintenir la santé des sabots, surtout en période de croissance (poulains) et durant la saison chaude et humide alors que la corne pousse un peu plus rapidement.

    En général, le pied a un peu la forme d’un cône, plus rond aux pieds antérieurs et plus oval aux pieds postérieurs. L’angle du pied devrait s’aligner avec le paturon vu de face et vu de côté (fig. 3). La fourchette devrait être souple et large.

    On veut avoir des pieds fonctionnels. Le pied doit donc accommoder la conformation du cheval.

    Lorsque le pied est déséquilibré ou trop long, la tension augmente sur les ligaments et les tendons. La pression exercée sur les os est inégale.

    Si le sabot est trop court et que la sole est trop mince, la protection aux structures sensibles est diminuée, ce qui crée de l’inflammation.

     

    Le cheval a-t-il besoin de fers ?

    Dans la nature, la pousse de la corne est en équilibre avec l’usure.

    Avec la domestication, le mode de vie du cheval fait en sorte qu’il y a souvent un déséquilibre pousse-usure tantôt vers la pousse, tantôt vers l’usure.

    En principe, tant que l’usure de la corne se fait à la même vitesse que la pousse, un cheval n’a pas besoin de fers. Toutefois, certaines disciplines sportives, dont le reining (dressage western) et le saut d’obstacles nécessitent des fers spéciaux.

    Si votre cheval n’a pas de problème orthopédique ni de besoins particuliers liés à sa discipline, il pourrait très bien vivre sans fers. Il est même souhaitable qu’un cheval qui passe la majorité de son temps au pâturage demeure pieds nus.

    Que vous choisissiez de ferrer ou non votre cheval, il aura quand même besoin de la visite du maréchal-ferrant, car l’usure ne se fait pas toujours de façon appropriée et égale.

     

    Recommandations générales (cheval sans problème particulier)

    En tout temps, vous devriez suivre les recommandations de votre vétérinaire et de votre maréchal-ferrant, surtout si le cheval présente des problèmes orthopédiques.

    Parage des sabots

    Adulte : 
    Aux 6 à 8 semaines
    Moins de 2 ans :
    Dès le premier mois de vie, puis aux quatre à six semaines.
    Le poulain est en pleine croissance. On veut donc insister durant cette période afin de prévenir ou contrôler les défauts de conformation.

    Hygiène

    Curer la sole et les lacunes de la fourchette.
    Au moins une fois par jour
    Avant et après l’exercice
    Des enduits protecteurs peuvent être appliqués, au besoin, sur la muraille, dans des conditions de sècheresse ou d’humidité extrêmes.

    Sabot vu du dessous

    Figure 1 — Sabot vu du dessous

     

    Intérieur du sabot

    Figure 2 — Intérieur du sabot


    Angle paturon-pied

    Figure 3 — Angle paturon-pied

  • Le dernier tiers de la gestation

    Votre jument aborde le dernier tiers de gestation. Cette période est importante, car c’est le temps de porter une attention particulière à l’alimentation, la vaccination, la vermifugation et au programme d’exercice.

    C’est durant les quatre derniers mois de gestation que le fœtus grandira le plus. Cette augmentation rapide du poids occasionnera une demande accrue d’énergie de la part de la jument. Pour satisfaire ses besoins énergétiques, l’essentiel de la ration alimentaire sera un foin de bonne qualité servi à volonté, sauf si elle est obèse. On pourra ajouter de la moulée ou des concentrés, au besoin, en se fiant à l’état de chair. On ne veut pas voir les côtes, mais on ne veut pas de bourrelets de graisse non plus. La plupart du temps, la moulée n’a pas besoin d’être ajoutée à la ration avant les trois derniers mois de gestation. La plupart des moulées équilibrées (commerciales) conviennent très bien et n’ont pas besoin de très haute teneur en protéines.

    La mise bas étant un effort physique plutôt intense, votre jument doit être en bonne forme. Bien que l’exercice soutenu ne soit plus approprié à ce stade, il est important que votre jument fasse régulièrement de l’exercice, de léger à modéré, surtout si elle est gardée au box. À la fin de la gestation, plusieurs juments ont tendance à faire de l’œdème (enflure) au bas des membres et sous l’abdomen. Cette réaction est un phénomène normal. L’exercice régulier aide à diminuer ou à contrôler cet œdème.

    Certaines maladies, dont la rhinopneumonie (herpès) peuvent causer de l’avortement dans le dernier tiers de gestation. La vaccination contre cette maladie est possible et très efficace. Toutefois, le programme est différent d’un cheval normal. En effet, un vaccin devrait être administré à cinq, sept et neuf mois de gestation. Même si vous ne l’avez pas fait, il n’est pas trop tard pour commencer.

    Avant l’âge de 3 mois, le système immunitaire du poulain n’est pas très efficace et il ne fabrique pas d’anticorps. C’est donc dans le colostrum (premier lait) que le poulain puisera ses premiers anticorps. Il est donc important que le colostrum soit riche en anticorps contre les maladies les plus communes dans son environnement. Pour ce faire, il est recommandé de donner un rappel de vaccins à la jument un mois avant la date prévue du poulinage. Dans la plupart des régions du Québec, on recommande un rappel contre le tétanos, l’influenza, l’encéphalite, la rage et le virus du Nil. Vérifiez auprès de votre vétérinaire ce qui est recommandé dans votre région.

    Certains parasites sont transmis au poulain par la jument (par le lait, par exemple). Il est donc important de continuer de la vermifuger régulièrement en s’assurant qu’un vermifuge soit administré près de la date prévue du poulinage (c’est-à-dire quelques semaines avant). La plupart des vermifuges actuellement sur le marché sont sécuritaires pour la jument gestante. Vous devriez cependant toujours demander l’avis de votre vétérinaire avant d’administrer quel que médicament que ce soit.

    La gestation moyenne est de 338 à 342 jours. L’écart normal est toutefois de 320 à 380 jours. Le pis se gonfle graduellement durant les deux à quatre semaines précédant le poulinage, et de la cire (figure 1) apparaîtra au bout des mamelles de un à quatre jours avant la mise bas. Il n’y a pas à s’inquiéter si la jument ne semble pas pressée de pouliner, du moment qu’elle est en forme et de bonne humeur. Vous devriez cependant aviser votre vétérinaire si des signes anormaux étaient présents comme la perte de lait, la présence d’écoulements purulents à la vulve, fièvre, etc. Si la gestation dépasse 345 jours, il n’est pas mauvais de faire examiner votre jument par votre vétérinaire, question de s’assurer qu’elle est toujours gestante et que tout se passe bien.

    Si votre jument a eu une vulvoplastie (figure 2) ou une chirurgie de Caslick (chirurgie qui vise à réduire l’ouverture de la vulve et qui est faite à l’occasion pour prévenir les infections), n’oubliez pas de communiquer avec votre vétérinaire quelques semaines avant la date prévue du poulinage pour qu’il incise (« découse ») la vulve.

    Il ne vous reste plus qu’à attendre. Pour le reste, c’est la jument et le fœtus qui décident.

    Figure 1

    Figure 1

     

    Figure 2

    Figure 2

     

    Des derniers jours de gestation au premier jour de vie

    Le temps de la mise bas approche et on doit se préparer. Normalement, les derniers vaccins et vermifuges ont été administrés, sinon il n’est pas trop tard pour communiquer avec votre vétérinaire. D’ailleurs, il est bon d’avoir à portée de main, près des téléphones, le numéro de téléphone de votre vétérinaire en cas de besoin, car au cours de complications, les minutes comptent. Rassurez-vous, ce n’est pas comme au cinéma, la plupart des juments poulinent sans aide et sans complication.

    L’environnement dans lequel poulinera la jument est très important. Selon la date prévue, la jument pourra mettre bas à l’extérieur (printemps et été) ou dans un box. L’avantage de l’extérieur est que, surtout dans l’herbe fraîche, il y a suffisamment de place pour ne pas avoir à craindre que la jument ou le poulain soit coincé contre une paroi. Cependant, le climat québécois laisse souvent à désirer et plusieurs juments devront mettre bas à l’intérieur. Si tel est le cas, le box doit être de dimension adéquate, soit au moins deux fois et demie la taille de la jument (toutes directions) lorsqu’elle est couchée de tout son long, bien ventilé, mais sans courant d’air. Un box d’environ 4,5 m x 4,5 m (14 pi x 14 pi) est recommandé. Ce box a d’abord été bien lavé et désinfecté avant d’y introduire une nouvelle jument. Un plancher de bois ou de béton est idéal, car ceux de terre battue sont difficiles à désinfecter. La litière de paille est préférable à la ripe de bois, car elle colle moins et est plus chaude et confortable. Il faut mettre une quantité de litière suffisante pour que jamais le plancher ne soit exposé. Ce box doit être gardé propre en tout temps. Il faut donc ramasser les fumiers et la litière souillés au fur et à mesure.

    Les derniers jours

    Dans les derniers jours qui précèdent le poulinage, le pis change d’aspect, de quatre à six jours avant il devient engorgé et de un à quatre jours avant de la cire apparaît aux trayons. Il est normal de voir de l’œdème aux membres et sous le ventre. Un exercice léger comme la marche ou la mise en liberté est bénéfique. On s’assure que l’eau fraîche est toujours disponible et que le foin est servi à volonté. La moulée est servie à raison d’environ 4-6 kg par jour, séparée en deux à quatre repas selon l’état de chair. Un supplément de vitamines et de minéraux est aussi ajouté.

    La croupe donne l’impression qu’elle se creuse et l’attache de la queue peut devenir plus évidente. La vulve se relâche. Si la vulve a été cousue (chirurgie de Caslik), vous devriez communiquer avec votre vétérinaire pour qu’il l’incise (« découse ») si ce n’est déjà fait. La vulve, le pis et les cuisses doivent être gardés propres. Lavez-les au besoin.

    Durant les derniers jours, la jument pourrait avoir des moments d’inconfort passagers. Ceux-ci ne durent souvent que quelques minutes. Apparemment, la jument aurait un certain contrôle sur le déclenchement du part et elle préfère pouliner le soir ou tôt le matin lorsque l’écurie est calme. Il n’est pas rare que la jument profite du moment où vous vous absentez, même après l’avoir veillée toute la nuit, pour pouliner et que vous reveniez avec un poulain dans le box.

    Les trois étapes de la mise bas

    Première étape

    Le compte à rebours est déclenché. La jument devient anxieuse, agitée, on dirait qu’elle fait des coliques. Elle peut se mordre les flancs, se coucher et se lever, ruer, se lever la queue, suer, etc. C’est la première étape qui commence. On en profite pour mettre un bandage de queue (attention pas trop serré), puis laver et bien rincer le pis, les cuisses et la vulve. Ensuite, il est préférable de rester à l’extérieur du box et de laisser la nature faire son œuvre tout en tenant le chrono. En effet, cette phase devrait durer de une à deux heures. Les contractions font progresser le fœtus dans le bassin et à travers le col. Un sac blanc va graduellement apparaître à la vulve. Ce sont les membranes fœtales. Lorsqu’elles sont bien visibles (perte des eaux ou non), on passe à la deuxième étape.

    Attention ! S le sac est rouge, il faut appeler immédiatement votre vétérinaire, couper le placenta et sortir le poulain, car il s’agit d’un décollement placentaire (red bag syndrome). Le poulain sera en détresse par manque de nutriments et d’oxygène.

    Deuxième étape

    La deuxième étape est celle de l’expulsion du poulain. C’est ici que la tête et les deux pieds antérieurs feront leur apparition. Les pieds devraient être orientés la sole vers le sol. Le nez est légèrement en retrait entre les deux pieds. Cette phase ne devrait pas durer plus de 30 minutes. Vous devriez appeler votre vétérinaire si rien ne progresse après 10 à 15 minutes ou si les pieds regardent vers le haut ou que le nez n’est toujours pas visible. Lorsque tout progresse normalement, pas besoin d’intervenir. Attention, chronométrez le tout, car la perception du temps est souvent trompeuse.

    Lorsque le poulain est sorti, restez calme, il est préférable de laisser la jument et le poulain seuls tout en les observant. Si la tête du poulain est hors du sac, laissez-le briser lui-même les membranes. (Remarque : sortir la tête du sac si besoin.) Il n’y a pas d’urgence à couper le cordon ombilical. Il se rompra de lui-même quand la jument se déplacera. S’il ne se rompt toujours pas, vous pourrez d’une main (propre) tenir fermement le début du cordon à environ 2,5 cm du ventre et de l’autre tordre la portion libre sur elle-même jusqu’à ce que le cordon cède. Vous ne devriez pas le couper. Si le cordon saigne, maintenez-le entre le pouce et l’index et exercez une pression de plusieurs minutes. Vous pourriez aussi mettre une pince à sac qu’on trouve facilement dans les magasins à un dollar.

    Troisième étape

    La troisième et dernière étape est celle de l’expulsion des membranes. Durant cette phase, la jument peut avoir de petites contractions. Le placenta devrait être expulsé à l’intérieur de trois heures. Ne jamais tirer sur le placenta, car il pourrait se déchirer. Vous pouvez le replier sur lui-même et l’attacher pour éviter qu’il traîne entre les pattes arrière de la jument. Une fois le placenta expulsé, vous pouvez l’étendre sur le sol pour voir s’il est complet. La forme ressemble à un pantalon un peu difforme. Conservez-le pour que votre vétérinaire puisse l’inspecter. Vous devriez communiquer avec votre vétérinaire si le placenta est toujours retenu après trois heures.

    Il est à noter que la jument est plus à risque de faire des coliques durant la fin de la gestation et les quelques jours qui suivent. Pour tout signe de colique ou si une phase se prolonge, vous devriez appeler votre vétérinaire en urgence.

    Après la mise bas, le poulain respectera une séquence d’événements dont voici la chronologie. Si cette chronologie n’est pas respectée, le poulain est peut-être faible. Il vaut mieux alors appeler votre vétérinaire.

    — Tentative pour se lever, 30 minutes ;

    — Debout et premier boire à l’intérieur de deux heures ;

    — Passage de méconium (premières selles qui sont foncées et pâteuses), au maximum huit heures. Un énéma pédiatrique acheté en pharmacie peut être administré sur recommandation de votre vétérinaire seulement ;

    — Urine, au maximum 12 heures.

    Colostrum

    Ce premier lait est riche en anticorps essentiels à la défense du poulain contre les maladies en attendant qu’il puisse fabriquer lui-même ses anticorps. L’absorption de ces anticorps est à son maximum jusqu’à 12 heures de vie, puis le taux d’absorption chute drastiquement. C’est pourquoi il est important que le poulain boive tôt. Plus ou moins 12 heures après le premier boire, il est conseillé de faire analyser le taux d’anticorps dans le sang du poulain. Une trousse spéciale permet à votre vétérinaire de faire le test à l’écurie. Si ce taux est trop bas, il est encore temps d’administrer un sérum riche en anticorps qui assurera au poulain une bonne défense contre les infections d’ici à ce que son système prenne la relève.

    Cordon ombilical

    Pour assécher et fermer cette porte d’entrée aux infections, le bout du cordon devra être trempé dans une solution diluée de chlorhexidine ou dans de l’iode 2 %. À répéter trois fois par jour pendant plusieurs jours.

    Sabots

    Ils sont mous et un peu gélatineux à la naissance ? Vous pouvez passer un coton imbibé d’iode 2 % sous la sole. Attention pour que ça ne coule pas sur la peau.

    Premiers jours

    Durant les jours suivants, continuez d’observer le poulain et la jument. Si tout va bien, la jument devrait avoir un bon appétit, le poulain devrait se lever plusieurs fois par heure pour boire et pour avoir un niveau d’énergie qui va en augmentant.

    Si un élément vous inquiète, peu importe lequel, n’hésitez pas à appeler votre vétérinaire qui saura vous conseiller.

    Bon poulinage !


Retour à la liste des sous-catégories