La profession

Histoire de la profession

Historique de la profession

La naissance de la profession

Monsieur Claude Bourgelat a fondé la première école vétérinaire du monde en France, à Lyon, en 1761. En créant les premiers établissements de formation, Claude Bourgelat inventait en même temps la profession. Cette dernière a donc plus de 250 ans. En 2011, plusieurs activités se sont tenues dans le monde entier afin de célébrer cet anniversaire.

Au Québec, dans la première partie du 19e siècle, Montréal et les différentes régions du Québec sont peuplées de milliers d’animaux, mais sans l’ombre d’un médecin vétérinaire. Pour pallier ce problème, l’Écossais Duncan McNab McEachran ouvre une première école anglophone en 1866, le Montreal Veterinary School. Puis, en 1877, il y ajoute une section francophone et ainsi commencent les premiers cours de médecine vétérinaire en français en Amérique. En 1885, cette section francophone ferme, mais deux autres écoles entièrement francophones voient le jour, soit l’École de médecine vétérinaire de Montréal et l’École vétérinaire de Québec.

Un an plus tard, soit en 1886, un des anciens élèves de McEachran, Victor-Théodule Daubigny, d’origine française, fonde la troisième école vétérinaire francophone. Elle est située sur la rue Craig et porte le nom d’École vétérinaire française de Montréal.

L’arrivée de l’automobile et de l’industrialisation bouleverseront la pratique et, au tournant du siècle, l’automobile remplacera le cheval. Seule l’école de Daubigny survivra au 20e siècle.

 

L’industrialisation modifie la pratique vétérinaire

Progressivement, les résidents à quatre pattes de Montréal, soit les vaches, les cochons et les chevaux, quittent la ville. L’école vétérinaire de la rue Craig déménage à la campagne, s’installant, en 1928, chez les Pères trappistes, à Oka, qui administraient une école d’agriculture.

Depuis la fin du 19e siècle, les divers paliers de gouvernement imposent de nouvelles normes en matière d’hygiène et de santé publique. Le contrôle des maladies contagieuses, l’hygiène dans les abattoirs, la pasteurisation du lait et l’inspection des viandes ne sont que quelques-uns des défis qui nécessitent de recourir davantage aux connaissances et à l’expertise des médecins vétérinaires. Intervenants privilégiés en matière de santé publique, les médecins vétérinaires s’implantent massivement dans les laboratoires de plus en plus sophistiqués et collaborent étroitement avec les praticiens établis dans les campagnes. Les équipes de professionnels qui travaillent pour des services gouvernementaux s’affairent à combattre la tuberculose, la maladie du charbon, la fièvre aphteuse et plusieurs autres maladies qui affectent les animaux et parfois les humains.

Parallèlement, les besoins en praticiens œuvrant auprès des animaux de la ferme augmentent à partir des années 20, accélérant le mouvement amorcé au début du siècle.

Les agriculteurs ont de plus en plus recours aux services des médecins vétérinaires en pratique privée. Malgré la pauvreté de la majorité des paysans, l’augmentation graduelle de la quantité et de la valeur des cheptels, principalement composés de vaches laitières, entraîne une plus forte demande pour les soins vétérinaires dans plusieurs régions du Québec.

 

Les répercussions des bouleversements économiques : la grande dépression et la guerre

La crise économique des années 30, puis l’avènement de la Seconde Guerre mondiale affectent grandement les conditions de pratique des professionnels implantés dans les milieux ruraux. Véritables missionnaires de la santé animale, ils parcourent les rangs des campagnes québécoises pendant de longues journées, récoltant de bien faibles revenus. Les producteurs, qui tentent tant bien que mal de subvenir à leurs propres besoins, en viennent occasionnellement à indemniser les médecins vétérinaires de diverses façons, parfois même en leur offrant les peaux d’animaux n’ayant pas survécu.

Après la Seconde Guerre mondiale, la société québécoise se modernise et s’urbanise. Dans les villes, l’automobile a depuis longtemps remplacé le cheval et cause ainsi la presque disparition de la pratique équine. La demande pour les services des médecins vétérinaires en milieu urbain est à nouveau en déclin. De plus, les conditions de travail difficiles et l’avenir incertain de la profession diminuent l’attrait qu’elle exerce sur les jeunes qui lui préfèrent la médecine humaine. Les médecins vétérinaires n’ont d’autre choix que de s’adapter rapidement.

 

L’après-guerre et la nouvelle prospérité économique

En 1947, l’école de médecine vétérinaire quitte Oka pour s’établir à Saint-Hyacinthe dans des baraques désaffectées par l’Armée. Saint-Hyacinthe est une région au fort potentiel agricole et cette municipalité deviendra le berceau de nombreuses décennies de médecins vétérinaires. En 1953, on érige un édifice en pierres et en 1954, l’école est de nouveau agréée par l’American Veterinary Medical Association.

Les années 50 marquent le début d’une période de prospérité sans précédent pour le Québec et de grands changements dans l’agriculture modifient le rôle des médecins vétérinaires.

Le domaine de la production laitière se transforme rapidement. Les fermes s’agrandissent, se mécanisent et se modernisent ; une plus grande efficacité est recherchée afin de subvenir aux besoins d’une population de plus en plus urbanisée et dépendante du milieu rural pour son alimentation. Dans le but d’assurer leur part des nouveaux marchés en développement, les cultivateurs reconnaissent la nécessité de recourir à des services vétérinaires appropriés et réguliers pour garantir la santé de leurs troupeaux.

De façon similaire, les productions porcines et avicoles, autrefois principalement artisanales et accessoires à la production laitière, connaissent, à partir des années 50, leurs premiers grands développements. L’essor d’après-guerre a un effet favorable sur ces types de productions et donne naissance au domaine de la médecine des grandes populations animales. Initialement pratiquée par les « vétérinaires à vaches », en collaboration avec les services vétérinaires gouvernementaux, cette médecine se définit plus spécifiquement au cours des dernières décennies du 20e siècle pour devenir un secteur de pratique à part entière.

 

Les années 1970

En 1968, l’École de médecine vétérinaire s’affilie à l’Université de Montréal et devient une de ses premières facultés. Depuis, les espaces disponibles pour l’enseignement clinique se multiplient et le Centre hospitalier universitaire vétérinaire est l’un des plus modernes et des mieux équipés d’Amérique, tant pour l’enseignement que pour la recherche, assurant l’atteinte d’une santé optimale pour les humains, les animaux et l’environnement.

Les soins vétérinaires des secteurs bovins et des grandes populations animales connaissent, au cours des années 70 et 80, un essor sans précédent. L’instauration, par le gouvernement québécois, de l’assurance-santé animale contributoire (ASAC), en 1971, procure aux agriculteurs l’accessibilité aux soins vétérinaires partout au Québec, et ce, à des tarifs fixes. L’augmentation de la demande qui en résulte permet à plusieurs praticiens de se regrouper, d’améliorer les services offerts et de consolider les progrès accomplis depuis les années 50.

Pour sa part, la médecine vétérinaire des petits animaux est pratiquée par quelques professionnels au début du 19e siècle, mais les soins pour chiens et chats sont des services relativement peu en demande. Les premiers établissements vétérinaires consacrés exclusivement à ce type de pratique ouvrent leurs portes au cours des années 30 et 40. On en dénombre toutefois moins d’une dizaine sur toute l’île de Montréal au début des années 50, ce qui contraste avec la situation actuelle puisque ce nombre a depuis décuplé.

Ce n’est que vers la fin des années 60 qu’on assiste à une croissance marquée du nombre de médecins vétérinaires voués exclusivement aux soins des animaux de compagnie, croissance qui se poursuit depuis. Les importants changements inhérents à la Révolution tranquille modifient en effet le portrait de la société québécoise d’alors, qui adopte un mode de vie fort différent de celui des générations précédentes.

Les familles moins nombreuses, financièrement plus aisées et majoritairement urbaines, adoptent de nouvelles valeurs, dont celle de l’importance des animaux dans la vie de tous les jours. Suivant cette évolution, plus de la moitié des membres de l’Ordre travaillent maintenant en médecine des animaux de compagnie. Ils offrent aux Québécois des services qui utilisent des moyens sophistiqués, à la fine pointe des connaissances médicales modernes.

 

Les décennies 1980 et 1990

La médecine vétérinaire préventive dans le secteur des grands animaux, pratiquée à petite échelle depuis quelques décennies, prend son véritable essor au cours des années 80, tout comme l’application de nouvelles technologies telles que le transfert embryonnaire et la fertilisation in vitro. En tant que partenaires privilégiés de la santé animale et humaine, les médecins vétérinaires occupent depuis un rôle essentiel au sein des productions agricoles modernes et de la bonne santé du cheptel québécois.

Dans les années 80 et 90, la définition d’animal de compagnie s’élargit grandement, incluant les oiseaux de fantaisie, les petits rongeurs, les reptiles et plusieurs autres. Dans un souci constant de répondre à ces nouvelles demandes, certains établissements offrent alors des services spécifiques à ces espèces. La médecine des animaux sauvages et exotiques prend également son envol au Québec. D’abord restreinte aux animaux des quelques parcs zoologiques de la province, elle consiste dès lors en des interventions auprès d’une diversité d’animaux, tels les mammifères marins du fleuve Saint-Laurent et les oiseaux de proie des villes et des campagnes.

La médecine vétérinaire est d’une complexité croissante, des enjeux planétaires se profilent et la recherche progresse constamment. Les médecins vétérinaires doivent veiller à la santé des populations, des animaux et de l’environnement.

 

La féminisation rapide de la profession

L’arrivée massive des femmes sur le marché du travail au lendemain de la Révolution tranquille marque grandement la profession vétérinaire. C’est en 1965 que l’École vétérinaire de Saint-Hyacinthe remet pour la première fois un diplôme de médecin vétérinaire à une jeune femme. L’accès des femmes québécoises à ces études rompt la tradition de près d’un siècle d’enseignement réservé aux hommes.

Près de quarante-cinq ans après l’admission à l’exercice des premières femmes, ce phénomène social transforme entièrement non seulement l’image de la profession, mais également son fonctionnement sur tous les plans. Présentes depuis deux générations seulement, elles exercent maintenant dans tous les domaines de la profession. La conciliation famille-travail est un enjeu pour la profession et les pratiques doivent s’y adapter.

Alors qu’en 1965, une seule femme est inscrite au tableau des membres du Collège, elles représentent, en 2011, 58 % du tableau des membres de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec et plus de 80 % des étudiants de la Faculté de médecine vétérinaire. Plusieurs femmes sont maintenant impliquées dans la gestion de l’Ordre, à titre d’administratrices élues ou de membres du personnel-cadre permanent.

 

De nos jours

L’évolution de la profession est intimement liée à l’évolution de la population. Les changements successifs témoignent de la capacité d’adaptation de la profession aux mouvements et aux besoins sociaux, présents et à venir. Aujourd’hui, de nouveaux défis se profilent et nous devons unir nos efforts pour continuer à bien positionner la profession, assurer son rayonnement et maintenir son développement. La profession s’adaptera aux nouveaux enjeux et défis en matière de santé publique ainsi que de santé et de bien-être des animaux, se spécialisera davantage, poursuivra la recherche et les pratiques se consolideront. Tous ensemble nous unirons nos compétences pour soutenir son évolution et assumer nos responsabilités au sein de la société québécoise.

 

Historique de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec est un organisme constitué en vertu du Code des professions et de la Loi sur les médecins vétérinaires. Il a le mandat d’assurer la protection du public.

En 1902, devant la nécessité d’assurer à la fois la protection du public contre les imposteurs et le contrôle de la qualité des soins offerts, le gouvernement du Québec légifère pour définir les cadres de la pratique vétérinaire. Le 26 mars 1902, il sanctionne la Loi des médecins vétérinaires de la province de Québec, donnant au Bureau des médecins vétérinaires de la province de Québec le pouvoir de reconnaître les compétences et d’octroyer des permis d’admission à l’étude et à la pratique. Les actes vétérinaires y sont définis, les établissements d’enseignement reconnus y sont précisés, de même que les responsabilités dévolues aux professionnels et les sanctions applicables en cas de pratique illégale.

Le 22 avril 1902, près d’un mois suivant l’adoption de la Loi des médecins vétérinaires de la province de Québec, trente-quatre médecins vétérinaires se réunissent à Richmond et y fondent le Collège des médecins vétérinaires de la province de Québec sous la présidence du docteur John Duncan Duchesne, praticien de Québec. L’Ordre était né. Dix gouverneurs dirigeront l’organisme et s’adjoindront des examinateurs pour l’immatriculation et l’admission aux études. Les nouveaux dirigeants fixent à cinq dollars les droits pour l’obtention d’un permis d’exercice. Conformément à la volonté du législateur, le Collège des médecins vétérinaires de la province de Québec veille au développement professionnel et au contrôle de l’exercice de tous les médecins vétérinaires de la province. Le titre de « médecin vétérinaire » demeure exclusif aux professionnels qui ont obtenu leur diplôme au terme d’études reconnues.

Dès ses débuts, le Collège s’active à faire connaître la profession auprès de la population en général et des agriculteurs en particulier. Déjà à cette époque, la production agricole est un secteur fondamental de l’économie de la province et les médecins vétérinaires y jouent un rôle de plus en plus important. Par exemple, la parution du Manuel de médecine vétérinaire à l’usage des cultivateurs, écrit par le docteur Duchesne, connaît un succès retentissant. En quelques années, plusieurs éditions sont publiées, dont la dernière en 1923.

En 1972, le gouvernement du Québec crée le système professionnel québécois, adoptant du même souffle le Code des professions du Québec et la Loi sur les médecins vétérinaires. Cette Loi, enchâssée dans le Code des professions, confirme à nouveau l’exclusivité de la pratique aux seuls membres de l’Ordre, qui se voient également imposer d’importantes obligations.

En 1994, le gouvernement du Québec modifie certaines dispositions du Code des professions du Québec et le terme Corporation professionnelle est remplacé par Ordre professionnel. Ainsi, le nom de l’organisme deviendra l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec.

Ainsi, depuis plus de cent dix ans, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec veille à assurer à la population des services vétérinaires de la plus haute qualité et assure le développement des professionnels qui le compose. C’est sous le signe de la compétence que la profession vétérinaire poursuit sa contribution au maintien et à l’amélioration de la santé animale et humaine.