Dégriffer son chat : plus maintenant !
Plusieurs maîtres songent à faire dégriffer leur chat après en avoir fait l’adoption. Saviez-vous que, comme toute chirurgie, cette intervention comporte certains risques de complications ? Il existe plusieurs solutions alternatives au dégriffage félin.
Qu’est-ce que le dégriffage ?
L’onyxectomie, ou dégriffage, est une intervention chirurgicale qui consiste à une amputation de la troisième phalange du doigt.
Une intervention non médicalement requise
Cette pratique n’est pas nécessaire d’un point de vue médical, elle a vu le jour et a été standardisée afin de répondre aux besoins des humains. Aujourd’hui, nous savons qu’il s’agit d’une intervention à ne pas prendre à la légère et qu’il importe de considérer les autres options avant d’y avoir recours.
En effet, toute chirurgie comporte des risques de complications et certaines études suggèrent une possibilité d’inconfort et de douleurs chroniques ainsi que des changements dans le comportement et la démarche de l’animal.
De plus, cette intervention chirurgicale pourrait entrainer une déformation (contracture) des doigts causant des douleurs lors de la marche.
C'est pourquoi l'Ordre désapprouve cette chirurgie lorsque non médicalement requise. Consultez la position de l'Ordre à ce sujet.
Le comportement félin
Se frotter les pattes sur le sol, sur les murs ou sur des objets est un comportement naturel pour le chat. Il est donc primordial de bien comprendre son comportement avant l’adoption d’un petit félin. Le chat « fait ses griffes » principalement pour :
- Marquer son territoire autant visuellement que de manière odorante : des glandes sous ses pattes sécrètent des phéromones ;
- User ses griffes et les entretenir ;
- Étirer ses muscles et sa colonne vertébrale ;
- Se détendre.
Pour éviter le dégriffage
Vivre avec un chat qui a ses griffes peut exiger une certaine adaptation. Heureusement, avec le renforcement positif et quelques efforts, votre chat peut apprendre à « faire ses griffes » là où il faut. Trois grandes étapes pour y arriver :
Trois grandes étapes pour y arriver :
1. La coupe régulière des griffes est la première habitude à intégrer dans votre routine pour bien cohabiter avec votre chat sans le faire dégriffer. En général, la taille des griffes doit s’effectuer une ou deux fois par mois.
2. L’utilisation d’un griffoir permet de satisfaire le besoin naturel du chat de « faire ses griffes ». Pour vous assurer qu’il soit utilisé par votre chat, votre griffoir doit être :
- Assez haut (environ 95 cm) pour que le chat puisse s’allonger de tout son long ;
- Installé à l’entrée de la pièce. Si le divan est le premier objet qui s’y trouve, c’est lui qui sera griffé ;
- Attrayant grâce à un bâton-jouet ou un peu d’herbe à chat ;
- Stable et solide afin d’éviter qu’il ne tombe.
Les couvre-griffes peuvent représenter une bonne solution, souvent temporaire, en attendant que le chat adopte le griffoir.
3. L’utilisation de récompenses (calins, gâteries, etc.) pour encourager le bon comportement de votre chat lorsqu’il fait ses griffes au bon endroit peut s’avérer une bonne stratégie complémentaire aux deux premières étapes.
Autres bonnes astuces !
L’enrichissement de l’environnement du chat, au moyen de jouets ou d’endroits où il peut grimper, permet de rediriger son désir de griffer. L’utilisation de vaporisateur de phéromones peut aussi calmer le chat ou réduire son anxiété.
Découragez-le. Si votre chat a élu votre divan ou un autre meuble, il faut rendre l’objet moins attrayant en y installant une toile de plastique, du papier d’aluminium ou du ruban adhésif sur ses deux côtés, jusqu’à ce que le chat ne s’y intéresse plus. Installez le griffoir près de ce meuble pour que votre chat le favorise lorsqu’il fait ses griffes.
Bon à savoir !
Diminuer les risques de griffades, c’est possible !
En éduquant les enfants à reconnaître et à respecter le langage corporel du chat, les risques de griffades diminuent. Un chat qui gronde, crache, fouette la queue ou aplatit les oreilles veut qu’on le laisse tranquille. Une autre stratégie gagnante est de définir un endroit dans la maison où votre chat peut se retirer pour ne pas être importuné.
Le dégriffage diminue-t-il les risques d’abandons ?
En réalité, beaucoup de chats dégriffés sont aussi abandonnés. Les causes les plus fréquentes d’abandon sont l’agressivité et la malpropreté.De plus, selon une étude parue en 2002 dans le Journal of the American Veterinary Medical Association, seulement 3,3 % des chats sont abandonnés pour cause de destruction du mobilier ou de comportements indésirables.
Puis-je me tourner vers la ténotomie digitale pour le dégriffage de mon animal ?
L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec ne possède pas de position officielle face à la ténotomie digitale (section d’une portion des tendons fléchisseurs profonds afin de ne plus permettre le mouvement de rétraction des griffes chez le chat). Il appartient au médecin vétérinaire d’analyser les circonstances et les antécédents de l’animal avant de décider d’effectuer cette procédure.
Nous aimerions cependant attirer votre attention sur les points suivants :
Il s’agit d’une intervention chirurgicale qui n’est pas médicalement nécessaire et qui comporte des risques de complications comme toutes les chirurgies.
Les conséquences de cette intervention sont similaires à celles du dégriffage félin (onychectomie). Certaines études suggèrent une possibilité d’inconfort et de douleurs chroniques ainsi que des changements dans le comportement et la démarche de l’animal à la suite de cette procédure. Il n’y a pas de preuves scientifiques claires à l’heure actuelle que la ténotomie digitale soit moins douloureuse à court et à long terme.
Finalement, suite à la ténotomie digitale, le propriétaire devra faire un entretien régulier des griffes de son chat et ce pendant toute la vie l’animal (coupe des griffes tous les mois afin d’éviter que les griffes poussent de façon excessive et blessent l’animal). Cette tâche est aussi ardue que de couper régulièrement les griffes de son chat sans ténotomie. Les avantages de la ténotomie digitale versus les alternatives non chirurgicales ne sont donc pas apparents.
Pour des conseils sur la santé et le bien-être de votre animal, consultez votre médecin vétérinaire.